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Corps à coeur : histoire d'une obsession

Le corps du danseur est un instrument. Sans cesse sur le métier, il remet son ouvrage. Miracle d’équilibre dans le déséquilibre, défiant en permanence la pesanteur, le danseur joue sa partition gestuelle. Engagement total ici et maintenant, complicité des corps, enchainement d’instants justes formant un tout signifiant permettant à tous ces corps de devenir un corps unique, un corps de ballet faisant vivre collectivement l'espace dans lequel il se produit.
Février 1979
Toujours habitée par le souvenir poussiéreux d’une apprentie ballerine je me laisse entrainer par un ami danseur à une répétition d’un ballet de Maurice Béjart au Palais des sport de Paris (« L’amour du poète »).
D’emblée je me sens profondément troublée et en oublie presque de « couvrir » ces instants pour mon agence , ce qui se solde par le constat d’un reportage sans intérêt pour un magazine d’actualité
Le lendemain, en prenant le temps de projeter les diapos sur un grand écran, je vois que sans intentionnalité j’ai eu accès à quelque chose d’essentiel échappant consciemment à l’œil, lors de la prise de vues dans la continuité du mouvement et que seule l’image figée peut donner à voir.
Par le choix instinctif des angles de prise de vue, des lumières latérales sculptant les corps et des cadrages au cordeau, avec mes Leica j’avais franchi un seuil invisible me donnant accès à un autre espace-temps ou chaque geste, chaque regard exprime dans l’ici et maintenant une conscience-présence à soi-même, à l’autre et à son environnement.
Me sentant en totale résonnance avec ce qui se passait sur scène, fascinée parce que je venais de découvrir, tout en sachant que pour Maurice Béjart « on ne peut pas photographier la danse », je décide de ne pas en rester là.
Il me fallut de la tenacité et la complicité de son entourage ayant vu mon travail photographique pour obtenir l’aval de Maurice Béjart. Finalement c’est en croisant quelques secondes son regard métallique qu’il donna l’ordre de me laisser travailler dans l’esprit de ce que j’avais déjà photographié, à condition de ne pas me faire remarquer !
Silhouette gainée de noir pour ne pas déranger le maitre, mandatée que par moi-même et donc libérée de toute contrainte d’une commande, j’évoluerai pendant 12 ans entre coulisses, salle et scène lors de chaque passage du Ballet du XXème siècle et du Ballet de Lausanne à Paris.
Sur le site de la Saif Images, complément de photos et légendes : https://clients.saif.pixt...809121696262104
Février 2019
Lorsque je regarde ma « carrière » de photographe professionnelle, travaillant à la commande jusqu’à 1992, je réalise que la posture « contemplative » – laisser venir à soi - dans laquelle j’étais pour ce travail dégagé de toute intentionnalité de résultat, porte en elle-même le germe la manière dont je travaille en Bretagne depuis 2016.

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